Réduire la transformation numérique à la seule sphère de l’entreprise est une erreur. Il s’agit d’un mouvement de société au cœur duquel se trouve l’individu numérisé.

La transformation numérique a débuté, il y a bien des décennies. Née dans un souci d’optimisation des résultats et de la performance au sein de structures gouvernementales, des universités ou encore des instituts de R&D, cette démarche est adoptée, pour les mêmes raisons, par les entreprises. Dans un premier temps, il s’agit de mettre à la disposition des collaborateurs un PC, ensuite vient le rejoindre un BlackBerry, signe distinctif d’ascension socio-professionnel.

Les années 90 voient apparaître l’Internet qui apporte une nouvelle dimension ludique à l’informatique. Les prix des ordinateurs baissent, accélérant la pénétration, au sein des ménages, d’équipements initialement réservés à des usages professionnels. Les ventes de PC explosent. L’utilisation de l’Internet devient monnaie courante. Cette tendance engendre la multiplication de services gratuits, similaires à ceux de l’entreprise tels que le courriel.

La société rattrape les entreprises

Dès l’apparition de la communication instantanée, le mythique MSN, immédiatement adoptée par bon nombre d’adeptes, les organisations accusent déjà un temps de retard. Le Web tisse sa toile. À travers les forums et les blogs, les individus commentent, partagent et s’expriment. La suite coule de source. La société, au sens sociologique du terme, entame sa transformation numérique. Après la télévision, avec le PC, c’est un nouvel écran qui entre dans la vie des consommateurs. Les usages, les besoins et les envies changent et impactent le modèle économique. Les entreprises doivent s’aligner, notamment avec la création de nouveaux canaux de vente et de communication.

Google, Wikipédia et autres réseaux sociaux s’engouffrent dans la brèche. Ils fédèrent des millions d’utilisateurs qui leur confèrent une grande légitimité. En quelques années, Facebook connecte entre eux des millions individus et se place au cœur même de grands mouvements socio-politiques. La collaboration autour d’un projet commun ou encore la possibilité d’entretenir une vie sociale virtuelle à l’échelle planétaire deviennent naturelles.

En 2007, Apple, présente son premier iPhone. Ce lancement marque le début d’une révolution : la « gutenbergisation » de l’informatique. Et qui dit nouvel écran, dit nouveau modèle économique. Le coup de génie de Steve Jobs : l’App Store, des applications monétisables associées à un équipement compact, doté de nombreuses fonctionnalités et sauvegardant toute la vie de l’utilisateur, qui l’emporte sur soi où qu’il aille.

Les individus à la pointe

La numérisation de la société et de l’individu s’accélère. Les enfants deviennent des prescripteurs d’achat et, sans que personne n’y prête attention, la génération Y est en train de naître. Les équipements mobiles se multiplient. La transformation numérique de la société et de l’individu gravit les échelons de la maturité technologique à une vitesse vertigineuse, dépassant de loin celle de l’univers de l’entreprise.

Les Digital Natives, génération connectée, consommatrice d’applications, entrent de plain-pied dans la vie active avec leurs propres codes. Le BYOD n’est que le reflet de leur philosophie de vie. Leur rapport au travail est complexe. Ils refusent la bureaucratie au profit de la transversalité. Ils appréhendent l’équilibre vie privée/vie professionnelle de façon radicalement différente. Ils sont engagés dans leur évolution personnelle tant privée que professionnelle.

Ils sont des consommateurs avertis. Ils sont “uber” – connectés. Ils ont tissé des liens, qui n’ont pour frontière que le Web. Ils sont les fondateurs d’une société “du faire ensemble” où la dimension communautaire prend tout son sens et dont les fondements sont les nouvelles technologies. In fine, ils sont le moteur de l’économie des applications et les créateurs de l’économie collaborative.

Les modèles traditionnels se réveillent

La société, qui les a vus naître, évolue avec eux. Les Digital Silvers règlent leur montre à l’heure des Digital Natives. Tandis que les acteurs du modèle économique qualifié désormais de traditionnel, aussi incongru que cela puisse paraître, ratent la coche. Ce n’est qu’aujourd’hui, bousculées par l’agilité des Airbnb, Uber, Blablacar, de la Fintech ou du Crowdfunding (financement participatif), que les entreprises investissent massivement dans leur transformation numérique.

Pour beaucoup d’industries, il s’agit d’une question de survie alors qu’hier encore, il était encore question de compétitivité. Pour d’autres, à l’image de Sephora, qui passe au commerce connecté de proximité, il s’agit de prendre de l’avance pour se préparer au débarquement des Millenials.

Source : T. Kocaefe

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